Un jour, le futur Maire de la Nuit nous a posé une question
judicieuse : « pour écrire, faut-il aimer ou haïr ? »
Comprenez « pour être inspiré », car cela fonctionne avec toute autre
forme de création. Je me suis plu à y réfléchir et suis tombée d’accord sur la
haine. C’est un peu brutal comme mot alors j’aimerais tempérer et élargir cette
problématique en disant : « pour créer, faut-il être heureux ou
malheureux ? ». Je choisis donc le malheur.
Je pense qu’il y a une nuance à souligner : lorsque nous
sommes heureux, l’envie de création est forte et l’inspiration suit, en
général. Mais lorsque l’on est malheureux, c’est plutôt dans l’autre sens,
c’est à dire que l’on a bien souvent envie de ne rien faire et pourtant, notre
génie et poésie sont fréquemment à leur paroxysme.
Le mythe des poètes et autres peintres dépressifs en
atteste : Victor Hugo et Berlioz étaient tous deux maniaco-dépressifs, Van
Gogh est mort des suites de sa dépression chronique et Munch, le bipolaire,
retranscrivait ses angoisses sur ses toiles. En cherchant ces précisions, je
suis tombée sur cette jolie citation :
De même qu’une perle naît d’une lésion de coquillage, ainsi
la folie peut donner naissance à des œuvres incomparables.
[Karl Jasper]
[Karl Jasper]
La création artistique se présente
alors comme un remède, un exutoire, un défouloir, une confidente et une
véritable thérapie. C’est là encore où bonheur et malheur comme moteur se
différencient : l’homme heureux créera parce qu’il veut partager sa joie
tandis que l’homme malheureux créera parce qu’il en a besoin, pour lui,
d’abord, avant tout partage.
Pourquoi est-ce un remède ?
Certainement parce que l’on couche sur un support concret ce qui macère,
enfermé dans un esprit depuis un certain temps. Cela permet de regarder les
problèmes en face, physiquement. De les évacuer, les transposer, les regarder
et les juger mieux. C’est un gain d’objectivité en somme. Ensuite, ces
créations peuvent être intéressantes car notre capacité à dramatiser, comme un
regain d’âme slave que nous n’avons pas tous, nous pousse à la spontanéité et
au lâcher-prise. Pas ou peu de réflexions, source de sincérité ; pas de
barrières, forcément source d’impulsivité. Et comme « la première
impression est souvent la bonne » (comme cette file de caisse que
vous avez malheureusement abandonné au Franprix hier), l’instinct donne de bons
résultats.
Je parlerai de l’instinct une
prochaine fois. Ça commencera peut-être comme ça :
L’instinct vous trompe rarement
car l’instinct est souvent aidé de votre volonté. Cependant, l’instinct peut
être biaisé et rendre d'autant plus malheureux qu'on ne le maîtrise pas totalement.
La boucle est bouclée vous pouvez
recommencer du haut de la page.
Sinon, on parlera de cul mardi !
Sinon, on parlera de cul mardi !
Un création culinaire sexuelle de Cupichon |
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