Tout d’abord, qu’entendons-nous par « entretien de
colocation » ? Je voudrais spécifiquement parler de RECEVOIR un
éventuel futur colocataire. L’accueillir et lui montrer à quel point la vie
serait formidable avec vous car, oui, vous avez besoin de sa part de loyer dans
les plus brefs délais ! S’il est étranger, c’est encore plus drôle/délicat
puisque vous serez la représentation de la culture française à ses yeux. Un
lourd fardeau oui…
Plutôt que de lister des conseils évidents et stériles, je
vais plutôt vous raconter un contre exemple que j’ai vécu hier. Contre exemple
de la bienséance peut-être mais au final, cet entretien restera dans les
annales des franches tranches de rigolade !
Contexte :
Secret Place en banlieue, petite maison dans
quartier résidentiel. Les deux locataires et amis prennent l’apéro avec trois
autres amis.
20h, on toque à la porte, fait rare (ben oui, la porte est
ouverte !).
Tels des suricates, les protagonistes tendent le cou, haussent
les sourcils, écarquillent les yeux, posent le bedo et la panique démarre.
1.
Se souvenir de la date du rendez-vous.
Une courageuse se lève pour ouvrir. « Hi I’m
Drakon ! ». Les protagonistes s’agitent dans un fouillis dénué de
sens. On peut lire dans les yeux de l’un « Ah mais ouiiiii c’est ce soir
qu’il devait venir » et dans les yeux de l’autre « Mais j’étais pas
au courant moi ! ». Drakon est australien et ne parle pas français,
les deux locataires baragouinent quelques mots d’anglais mais la communication
a du mal à démarrer. Deux invités s’en vont, un chassé-croisé s’opère dans
l’entrée, Drakon n’est toujours pas invité à rentrer. Peut-être faudrait-il lui
servir à boire.
2.
Avoir quelque chose à boire.
« Humm whisky or tea ? ». Heureusement, il aime
le whisky. Sans coca, ni glaçons, un homme un vrai ! Ça ira parfaitement
avec le bon pâté bordelais récemment ramené de vacances. Un blanc sec ou un
joli Bourgogne aurait mieux fait l’affaire mais rappelons que le protagoniste
étranger est australien… Whatever ! Pâtes au pesto et cordon bleu pour la
suite.
3.
Tenter de lui proposer quelque chose de
« typically french ».
Au fait, tu veux peut-être visiter l’ami ? Ah oui,
bonne idée ! « There’s the kitchen… To chill, to cook… ». To
cook ?? Puis, voici ta future chambre, qui est remplie à craquer de notre
linge à sécher, mais sans le linge elle est plutôt spacieuse hein. Et ça, c’est
ton grand placard. BAM. Ah, ça c’est ta tête dans la porte du placard.
4.
Rendre sa chambre attractive.
Une fois le tour du propriétaire effectué, le whisky
continue de se faire siroter quand un cri retentit dans la rue. Un cri
effrayant. Nous ouvrons la porte, alarmés. La maison en face est le décor d’une
scène digne d’un film. Un homme est en train de se suspendre du balcon, pourchassé
par une femme qui crie. L’homme à califourchon sur la balustrade hésite, puis,
saute ! Redoublement de hurlements. L’homme se sauve et court dans la rue.
D’autres cris se mettent à retentir, tout le monde sort en courant et tente de courir
après l’homme. Appeler la police ? Aller voir de plus près ? Nous
sommes paralysés sur le perron, entre l’horreur et le fou rire. Bon, ça
ressemble plus à une scène de ménage qu’à un flagrant délit de vol. Nous
refermons la porte. « Ça, c’est nos voisins indiens. » « Mais
c’est souvent comme ça ? » « Non, c’est quand même assez
rare. »
5.
Présenter ses voisins sous leur meilleur jour.
Reprenons nos esprits avec un peu de gin ! Les colocs entreprennent
de raconter l’histoire du mannequin en plastique du salon qui porte la culotte
oubliée d’une fille venue à la pendaison de crémaillère. Drakon, poli, félicite
les protagonistes pour leur bon anglais. Je suis morte de rire. Drakon repart,
à suivre !
Finalement, même s’ils avaient oublié le rendez-vous, qu’ils
n’avaient « que » du whisky, que la chambre était peu perceptible,
que Drakon s’est cogné la tête et que les voisins ont fait des siennes, cette
soirée était une réussite, reste à savoir s’il a pris peur ou s’il reviendra…
Il reste encore du gin et du pâté ! À bon entendeur…
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