vendredi 4 octobre 2013

Le Tigre Club ou le Club du Fiasco

 Marie Tu Dors mais Clément Léon R se lâche


L'invité du jour : Clément Léon R. Après avoir été censuré sur son support habituel, le voici qui investit mes colonnes libres.



L'histoire est simple et je peux même engager comme ça, de la manière la plus crue qui soit : "Le Tigre, c'est de la grosse merde". Voilà, maintenant il ne tient qu'à vous de lire quels arguments je peux avancer pour appuyer mon idée, ou bien vous arrêter là. Mais si vous optez pour la seconde option, vous n'aurez pas le plaisir de lire d'où est née ma haine d'un endroit qui ne mérite que de s'immoler enseveli dans son alcool coupé à l'eau. Je n'espère même pas une immolation par le feu car si cet endroit brûle, ça sera sûrement la seule façon qu'il aura, dans sa misérable vie, de mettre ne serait-ce qu'une étincelle à quelque chose, même s'il n'a pas toujours été comme ça. Ce qui est certain, c'est qu'il ne brûlera plus jamais les planches de la nuit parisienne en gardant cette mentalité et ce n'est pas ses captations pour Tracks Arte ou les cachets merdiques qu'il propose aux jeunes artistes qui pourra le sauver.

Alors comme toujours en ce moment, nous sommes dans un contexte de Fashion Week et pour ceux qui ne connaîtraient pas ce qu'est cette semaine de la mode, en voici un rapide topo non-exhaustif, bien cliché et misogyne comme j'aime les faire. Il faut vous imaginer des hordes de mannequins déambulant dans les rues de Paris ayant adopté le régime Slim Coke. Elles sont habillées de loques qui coûtent le prix de leur beauté et sont, paraît-il, dans le vent... Ce qui déjà est une ambition de feuille morte comme disait l'autre. Et puis en face, toujours dans les même rues, les femmes dotées d'un physique plutôt banal (ce qui signifie "pas anorexiques"), se prennent pour des Top Models en mettant des talons hauts de mauvais goût, avec leurs plus belles robes ceinturées qui sont à la mode de chez Maje, mais collection déjà périmée, en espérant qu'on les prennent pour des blogueuses de mode à gros cul. Quoiqu'il en soit, ça ne change pas grand-chose, elle se font toujours traiter de putes quand elles ne répondent pas aux avances des cailles qui les sollicitent d'un trop connu 

"Hé Mademoiselle ? Franchement, vous êtes trop bonne!" 

ou d'un plus ringard et tout aussi inefficace 

"Comment t'es belle !" 

lancé par un dandy punk imbibé nommé Clément Léon R. Donc durant cet événement, on se déplace dans des tas de cocktails et d'aftershow pour faire des papiers et surtout aussi pour boire et bouffer à l'œil, ne nous le cachons pas. En revanche, on ne va surtout pas aux défilés parce que la plupart du temps nous n'y sommes pas conviés, et au cas où ça serait le cas, personne n'a envie de faire semblant de s'extasier ou au contraire de faire la gueule, assis à côté d'une connasse de blogueuse inepte et inutile qui se teint les mèches en rose, en portant des lunettes avec une grosse monture noire, perchée sur talons à semelles rouges dans un style très Uggly Betty qui ramasse, parce que la vie c'est pas la télé. Ces filles pensent quant à elles que c'est en s'habillant comme des laiderons sophistiqués, avec un style très étudié, que les hommes se diront "en fait, elle est peut-être super belle derrière ses lunettes et sous son gilet en laine troué, et très créative aussi". En fait, justement, désolé, mais non les filles... L'effet escompté tombe à l'eau et la seule solution pour qu'on arrive à vous trouver potable serait de nous saouler à l'alcool frelaté. Le genre qui rend aveugle, comme de ceux qu'on boit en Inde afin de se prémunir contre la lèpre. Et pour ce qui est de la créativité, si Michelangelo se teignait en rose, ça se saurait, quant à Le Corbusier et ses lunettes je me permets de dire que sa créativité n'a engendré que des HLM immondes et une cité universitaire parisienne que personne ne nous envie. Quand je dis "on", j'entends les branleurs dans mon genre qui se prennent pour des chroniqueurs mondains influents parce qu'ils sont conviés à des soirées où ils côtoieront des vedettes dont ils diront du mal par la suite, des shlags en somme. Ce "on" enrôle donc au bas mot "100 %" des hommes à qui on donnerait ma place. 

Et ce soir justement, je suis convié dans un club qui s'appelle Le Tigre pour l'aftershow de Jules Kims, une créatrice New-Yorkaise de bijoux qui rendent les doigts plus beaux. D'ailleurs je rectifie, je ne voudrais pas qu'on me pense bégueule pour rien et ainsi ne pas rendre ses titres de noblesses à ce club car il porte en vérité le nom si peu ronflant de "Le Tigre Maison de Nuit Rock & Roll by L'Alternative". Il n'y a pas d'autre alternative que d'y aller en effet.



Arrivés assez tôt, nous nous présentons à la jeune fille de l'entrée et nous lui indiquons nos noms afin qu'elle les vérifie dans sa jolie petite liste d'invités et y fasse un joli petit trait dessus avec son joli petit stylo. Jusque-là tout va bien, nous passons la porte noire qui nous est ouverte par un homme en costume C&A noir un peu débraillé et au sourire inexistant. Un rideau de velours rouge nous sépare encore du sacre-saint de la salle principale, je le traverse à la manière d'un enfant qui se roule dans quelque chose de doux et pose enfin le pied dans cette fameuse Maison du Rock et du Roll et de Nuit. C'est tout rouge, c'est l'âme du rock, la charte graphique de la maison close début XXème, c'est pas très grand, c'est classe, ça reprend tous les clichés d'un club Rock feutré pour une télé-réalité illusionniste mais surtout, c'est vide. Sur la droite, le bar en marbre noir nous tend les bras. Après quelques blagues sur le fait que nous sommes pratiquement les seuls dans cet environnement sans musique à un timide serveur qui doit plus être habitué à une clientèle hautaine, nous décidons de choisir tous la même boisson, un Jet-Vodka-Perrier. Je vois dans les yeux du barman transi une panique comparable à celle que pourrait ressentir une personne qui, dans une queue de supermarché, se rendrait compte qu'il y a des morceaux qui se sont laissés embarquer avec le pet foireux qu'elle comptait dégazer en toute discrétion. Et ce, sans alerter personne, et peut-être même en voulant, à la base, laisser la mamie de derrière se faire accuser si le reste de la file avait commencer à plisser du nez en étant pris de picotements nasaux et de nausées incontrôlables. Le voilà qui nous pose sur le comptoir 4 verres à shot et avant qu'il ne commette une erreur de plus, je lui répète poliment que nous voulons des Jet-Vodka-PERRIER, et non des chupitos comme on dit à Barcelone. Alors pourquoi des Jet-Vodka-Perrier me diront certains, et bien parce que premièrement ils n'avaient pas de Go On et deuxièmement, c'est une bonne manière de se brosser les dents après un repas au restaurant où aucun de nous n'avait pensé à rapporter sa brosse-à-dents. Voilà que l'oisillon percute et s’attelle à sa tache en nous servant la boisson dans de grands verres fin, le genre de verres que je ne supporte pas car je ne peux pas y passer le nez ce qui m'empêche de boire... Une lubie de plus, je le concède, mais c'est physique mon gros zen ne passe pas. Les verres nous sont tendus, et à nouveau je sens le petit personnage paniqué derrière son comptoir. Il cherche une réponse auprès d'un collègue qui vient l'aider et de sa jolie bouche d'ange perdu il nous annonce : 

"ça fera 100 € s'il vous plaît". 

Je m’évanouis... Littéralement ma tête tape le comptoir, mes membres se désossent... Mes amis autours de moi ressentent les prémices de l'AVC, l'un d'entre nous qui n'a pas entendu le montant de la facture, et qui donc ne subit pas cette tempête pécuniaire de plein fouet, se met à chercher son défibrillateur de poche dans son sac dans l'espoir de pratiquer les gestes qui sauvent... Un silence, plus gros que le silence lui-même, se fait entendre tellement fort que même le frigo s'arrête de fonctionner durant quelques secondes, puis on reprend nos esprits petit à petit, pas à pas, doucement, sans forcer le sablier et l'un de nous qui comptait nous inviter, retire subtilement sa carte de la machine. Dans un élan de confrérie fraternaliste, nous décidons finalement de chacun payer notre verre. Une fois la noté réglée, nous nous dirigeons dans le fond de la salle, là où se trouve des canapés et des fauteuils sur lesquels nous avons du mal à nous asseoir tant nous avons mal au cul.


Toujours enragé par cette cuanta d'enculé, je me mets à m'abreuver de mon cocktail, en le sirotant à la paille (à cause de mon nez), ce que je déteste. Chacun de nous se regarde, personne n'a pu sortir un mot depuis le dernier événement et entre-temps, quelques clients supplémentaires sont arrivés. Je me mets à râler le premier de ce coup de Trafalgar et dans mon irritation, je m'aperçois que ce que je bois ne sens pas vraiment l'alcool. Alors Il y a du Perrier certes, des glaçons aussi, mais les termes Vodka et Jet 27 ont tout de même également été employés il me semble. J'ai l'impression de boire une menthe à l'eau salée. Avec un ami nous sommes d'accord sur ce sujet, pourtant il y a moult sujets de société qui nous opposent, mais là, on s'unit pour aller toucher deux mots au directeur de cette Maison Rock !

"Excusez-moi, je voulais savoir, votre Vodka vous la coupez à l'eau ? Les glaçons ils sont comptés dans le prix ?"

Bon là, forcément le mec interloqué me demande de répéter pour que je lui dise clairement quel est le problème. On lui explique très poliment que 20 euros la menthe à l'eau, ça fait cher le glaçon. Et là il me rassure, ce n'est pas sa faute... Il y a une raison extrêmement logique à tout ça. C'est parce qu'il y a un système de doseur relié directement à la caisse. "Mais oui ! Je suis con moi aussi, j'y avais pas pensé ! Une dose d'alcool de vodka à 10 euros, plus une dose de Jet 27 à 10 euros, ça fait 20 euros... Il a raison, et en y réfléchissant vraiment bien, il nous a même offert le Perrier sans bulle, la paille et les morceaux de glace pas pilée". Ça pour le coup, c'est vraiment Rock mec ! Bon, il est mignon ce "responsable" de bar et il tente de se dédouaner un peu plus en nous disant que lui, le bar, c'est pas trop son truc, lui dans la vie il veut faire des RP. Enfuis-toi très vite mon garçon, car là tu es en train de te griller sévèrement. Il nous défend du coup un peu l'idée générale en indiquant que c'est depuis le changement de D.A ou de gérance que la politique a changé. Bla bla bla... Allez merci et adieu gamin ! Tu ne manqueras pas de saluer ta voleuse de patronne pour nous et surtout ne nous offre pas ne serait-ce qu'une bière.

Du coup, on retourne vers les autres, passablement énervés, en donnant des coups de pieds dans les murs pour nous calmer les nerfs et là, d'une manière générale, l'assemblée toute entière est d'accord pour dire que ça pue la pisse de chat autours de nous. La pisse de chat, cette odeur rance qui ne vous lâche pas, même en frottant l'endroit souillé avec du Destop. Et il est évident que ce n'est pas un de nous, mais plutôt les murs de cette Maison de Nuit Rock & Roll (je ne peux m'empêcher de rire quand je pense à cet intitulé faux, mondain et vaniteux) qui puent l'urine de félidé. Remarque, cette odeur involontaire, c'est peut-être tout ce qu'il reste de Rock à ce lieu... Je décide d'aller fumer une cigarette dans un fumoir qui n'existe pas, c'est-à-dire dehors. Évidemment, le portier m'indique qu'il ne faut pas rester là, "là" signifiant pas en face de la porte, tout ça sur un ton belliqueux. Tu sens que le type déteste les gens dont il doit assurer la sécurité. Et puis la jeune fille qui tenait la liste des invités s'avance pour nous demander si on veut bien être pris en photo devant la boîte avec le logo en fond. On lui explique que oui, mais qu'on fera la gueule dessus et on lui expose pourquoi, simplement sans en rajouter de trop.


Retour en intérieur, je me suis un peu calmé et je m'assoie avec une ami sur un rebord du carré VIP, accessible par trois petites marches, séparé par une grosse chaîne et entouré de rideaux rose-rouge mauvais goût achetés chez Casa, pour discuter de la possible mort de Max de Fun Radio dans le paysage littéraire français et de la complète disparition des émissions de Gilles Deleuze dans le panorama de libre-antenne pour jeunes chébrans. Conversation que je tiens tout de même en crachant allègrement sur leur moquette car j'ai toujours une vieille saveur d'amertume dans la bouche. Un petit couple à côté de nous, fort bien assorti de par leur style capillaire, discute positionné de la même manière. Un ami, qui vient d'arriver dans un flux impressionnant d'autres personnes souvent très lookées ou plutôt même souvent déguisées, me propose de m'offrir un verre. Je stoppe net le malheureux dans sa tentative de suicide financier et lui indique le prix des verres. Il me répond que non ce n'est pas 20 euros et me tend une carte. En effet, sur la carte les cocktails (sûrement avec plusieurs dosages d'alcool), ils sont à 15 euros. C'est bien ce qui me semblait, ce n'était pas comme ça la première fois que j'étais venu lors de l'ouverture il y a deux ans environ. Je n'ai plus la force de faire encore des remarques. En plus, la Maison de Nuit Rock & Roll passe du R'n'b de Hipster et ça me donne envie de pisser pour rester poli.


Aux toilettes, une espèce de modeux blond dégueulasse aux faux airs de Watkin Tudor Jones se fait prendre en photo dans son pyjama où il est inscrit "Fuck the Minimal". C'est lui-même qui fait son t-shirt comme un grand ?? Et bien, tu aurais du rajouter un "e" à "Mal", ça aurait au moins eu le mérite d'être drôle et ça t'irait bien mieux. Bon, une fois la chose faite, je me dirige à nouveau vers cette bordure où on peut s'asseoir auprès de leur ridicule carré VIP et je m'évertue à cracher ma répugnance pour la philosophie roublarde de cet endroit auprès des gens qui viennent me parler et cracher tout court sur leur mobilier en bois de Rockeurs Bourgeois. Mais soudainement, mes vociférations sont stoppées net, au secours, je crie à la censure, car la tringle de leur rideau ignoble qui délimite leur carré pour gens très riches me tombe sur le coin du front : une barre métallique, qu'un des serveurs minaudeurs vient récupérer sans même s'inquiéter de savoir si ça m'avait fait mal, m'accusant quasiment de l'avoir fait tomber. Allez, c'est la goutte d'eau, je m'éclipse vers la sortie. La jeune physio m'honore d'un doux :

"Vous partez ?... A bientôt !" 

et moi de lui répondre :

"En tout cas pas ici c'est certain".




Par Clément Léon R

5 commentaires:

  1. Et encore tu es soft... La Roxane de Courtois est psychiatriquement perturbée, et mythomane. Un endroit à déconseiller par le tout Paris.

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  2. C'était bien mieux avec l'ancien DA (Adrien qui est maintenant au Carmen)

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  3. J'ai joué là bas avec mon groupe de rock. On avait accepté le fait de ne pas être payé a l'avance, ca arrive souvent a Paris mais sur place il ne nous ont même pas offert une bière, et quand on a demandé des bouteilles d'eau pour la scène il on rempli une vielle bouteille de Coca de 2 litres avec de l'eau du robinet ! C'est vraiment des crevards sans noms ces gens là.

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    1. A quel moment a t'il été annoncé quine distribution de bouteilles de coca de 2L aurait lieu a l'entracte?
      Treves de plaisanteries, j'ai pu assister a ta prestation, sois le bienvenu a la mienne, 14 juillet SDF! Save the date and the latte #GeorgesDaoud

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