La saison n’est plus, la météo dit vague et j’ai enterré le
mot rythme. Je ne sais donc plus quand, mais y’a pas longtemps, j’étais à la
campagne. Sûrement un de ces week-ends à rallonge qui ont contribué à tuer le
mot rythme. Je m’étais chargée d’une mission : commencer mon mémoire. J’ai
de l’urticaire à chaque fois que j’y pense.
Il devait pleuvoir, les grises plaines du Loiret me
promettaient une concentration maximale. Arrivée sur place, l’apéro avec ma
génitrice était de mise. L’humidité de la maison fermée tout l’hiver nous
poussa vers la cheminée et l’heure de l’apéro semblait également se défaire de
toute règle. Le concept de repas équilibré sur une table était également défunt
et nous commençâmes à nous agiter vers 17h. Nous devions accomplir de sexys
missions telles que : nettoyer le frigo, ouvrir les volets, acheter du
fuel, tondre la pelouse (réussir à allumer la tondeuse avant), enlever les
principales toiles d’araignées… Seulement, le soleil pointa son nez et la seule
mission qui nous parût de mise était : trouver les chaises longues.
Complètement attaquées par l’apéro sans fin, nous nous
endormîmes aussitôt. Réveillées par l’ombre à 20h, c’était déjà l’heure de
l’apéro. Nous n’avions plus grand chose pour éponger les liquides mais tant
pis. Le lendemain, je passai ma journée à éclater des bonbons sur mon téléphone
et à attendre un texto de quelqu’un (et donc à me mouvoir pour obtenir un
réseau cellulaire optimal).
Des amis du village passèrent prendre l’apéro et nous
nourrir, ce fût une occasion en or pour sortir un des livres qui avaient
inutilement alourdi mon sac. « Tiens, regarde sur quoi je travaille en ce
moment, ça devrait t’intéresser ». Seulement, le plastique était encore autour
du livre donc ce n’était pas crédible, mais au moins, j’ai enlevé le plastique.
Ça a intéressé la personne en question et j’ai failli insister pour qu’elle le
garde.
« Y’a pas de réseau dans la cour ? »
questionna l’un des convives. « Si, lui dis-je, pose le entre les deux
bacs à fleur, en direction du pot en terre que tu vois à travers la fenêtre, et
là ce sera bon ». Le téléphone rejoignit les 3 autres docilement posés
dans la même direction. Au cours du repas, dès qu’une vibration se faisait entendre,
toutes les têtes se tournaient de façon parfaitement synchronisée vers les bacs
à fleurs ; les plus téméraires se levaient même pour vérifier.
À la fin du repas, nous jouâmes à « Pyramides »
afin de tester nos affinités cérébrales et nos complicités littéraires. Tout le
monde est instantanément devenu ivre lorsqu’on s’est rendu compte que le vin
était à 15,5°.
Le lendemain, je suis repartie en train, avec mon sac et
tout le poids de mes livres intouchés sur ma conscience et sur mon dos. Je les
ai gentiment rangés en fermant les yeux une fois arrivée chez moi et me suis
dit que j’avais loupé le créneau de « commencer mon mémoire » et que
maintenant, ça allait être dur. Ça faisait 2 mois que je m’étais fixé cette
date. C’est un échec total.
La campagne, ça vous perd.
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