vendredi 16 août 2013

Statistiques philosophiques



(Bravo de vouloir commencer à lire. Avec un tel titre, je ne sais pas si j'aurais fait pareil)

Hier soir, une grande discussion philosophique avec une amie m’a conduit à écrire ceci.
De quoi est-on fait ? Je veux dire, pas biologiquement mais : quelle part de quelle provenance forge notre caractère, nos valeurs, notre vision ?
Nous sommes parties du postulat suivant : 50% d’éducation, 25% d’inné et 25% d’expériences.
Au fil de nos déblatérations, j’ai eu tendance à vouloir rehausser la part d’expériences et baisser celle de l’éducation mais finalement, je crois que le postulat de départ est aussi la conclusion. (Je ferai l’intro à la fin).

Pour ceux qui ont eu la chance d’accéder à une éducation en bonne et due forme (si tant est qu’il y en ait une) et encore mieux, d’être élevé par un (voire 2 soyons fous) parent(s), c’est bel et bien la première source de connaissances, le premier modèle, le premier miroir auquel nous nous confrontons.

Des racines et des ailes

Nos racines sont donc toutes différentes. Selon le terreau utilisé, la régularité de l’arrosage, le climat environnant et, c’est là où l’inné fait sa première apparition, selon la vitesse de propagation de cette racine. Nous ne naissons pas égaux, c’est une grande connerie que de clamer ça partout.
Une fois que nous arrivons dans cette jungle de société (= à l’école), les différentes racines se regardent, se jugent et se comparent. Selon la malléabilité du terreau, les racines prennent alors d’autres tournures, aveuglées par une douce lumière ou bien poussées par la peur d’être trop différentes. Je ne parlerai pas ici de culture générale et d’intelligence (au sens de Q.I.) car c’est évident et chiant. L’intelligence sociale, elle, est intéressante ; d’ailleurs, si l’on reprend le fil de l’histoire, nos petites racines se trouvant maintenant en société, prêtes à se nourrir d’arrosages divers et variés, sont en train de se forger leur intelligence sociale. L’inné nous guide dans nos intuitions, l’éducation nous dicte un certain comportement et cette toute nouvelle expérience de la vie teste le tout. Si le test est défaillant, l’éducation sera remise en question, la petite racine voudra changer de terreau ou rejettera le prochain jet d’eau.
À mon avis, et par définition, l’inné ne bouge jamais. Il reste un peu en veille parfois, peut se développer, mais il est très difficile de le contrer  (chassez le naturel…).

On peut interdire mais pas empêcher

Cette phrase résume, selon moi, la bonne éducation. Reprenons notre vie de racine. La petite racine a maintenant commencé à faire la part des choses, entre ce que son microcosme social lui a appris et ce que son arrosage de base voulait lui faire croire. Son intelligence a commencé lorsqu’elle s’est aperçu de la différence entre la vie qu’on lui dit et la vie qu’elle vit. Elle commence bien tôt à vouloir transgresser des règles, et c’est tout naturel. Lorsqu’on sait que même de la prison, certaines personnes peuvent s’évader, on sait qu’empêcher quelqu’un de faire quelque chose, ce n’est pas possible. Avec toutes les interdictions en tête donc, la petite racine bravera les dangers et sera bien souvent punie par la vie elle-même, ou en tout cas de façon plus efficace que si c’étaient par les sources de l’interdiction. Une racine empêchée de se propager (même si ce n’est pas dans le bon sens), ça explose (enfin, à vérifier mais vous voyez ce que je veux dire).


Bref, jusqu’ici, nous avons tous à peu près suivi le même schéma :
-       une certaine éducation
-       un certain environnement
-       de certaines capacités naturelles
-       une certaine envie de tester les limites


Je trouve cela formidable car tout ce début de vie, tous ces éléments recoupés font que nous aurons plus envie de voyager qu’un autre, que nous serons plus enclins à prendre des risques, que nous tomberons plus facilement amoureux, que nous aurons une situation professionnelle stable, que nous aurons envie de fonder une famille tôt… Ne parlons pas de conjoncture et de climat social tendu, parlons juste de l’humain, de ce qu’il veut et donc, de ce qu’il aura.
Certaines personnes suivent leur instinct, font confiance à leur inné et se soucient moins d’un ordre « normal » des choses. Mais d’autres ont cette peur du risque, cette peur de l’autre et ne sautent jamais.
Ces personnes-là ont peut-être été bien éduquées (et elles sont sûrement heureuses) mais il leur a manqué la pose d’ailes à une étape de leur forge. Peut-être trop de racines et pas assez d’ailes, trop d’empêchement et pas assez d’interdits. Car, en y réfléchissant bien, ce sont les interdits qui donnent des ailes. Mais si les parents ne laissent même pas le choix de faire des conneries à leurs enfants, c’est-à-dire, s’ils les gardent sous cloche, sans TV et sans radio (ça arrive à la campagne !), la descente sera rude. Trop de racines tue les ailes. Un savant mélange donc.

Les ailes peuvent pousser très tard aussi, à la rencontre d’une personne, à la révélation d’une passion ou après un voyage. J’aurais envie de donner des ailes à toutes les personnes de mon entourage qui en manquent mais ce n’est pas (entièrement) à moi de le faire. La pose d’ailes est personnelle, il faut d’abord se munir des petits crochets qui les maintiendront et sans les petits crochets, les ailes ne tiennent pas.

Je crois que le pouvoir de l’amour est le plus fort, incontestablement, à n’importe quel âge et dans n’importe quelle société. L’amour, c’est la 2ème éducation. Une personne sans ailes peut en acquérir avec l’amour, peut aller jusqu’à modifier ses racines, mélanger son terreau (celui de base restera toujours mais bon) et se remettre en question totalement par amour.

Je ne sais plus trop quel était le point de cet article. Enfin si puisque je viens de relire le début. Je vais m’arrêter là car je dis vague. Vague.

Conclusion : 25% d’expériences, 25% d’inné, 25% d’éducation et 25% d’amour.

Haut les cœurs !

P.S. Si on enlève une lettre : le s ; ça fait « haut-le-coeur ». L’amour et ses indigestions…



1 commentaire:

  1. Chère Marie Tu Dors,
    2 petites réflexions à te proposer:
    Premiero: le bonsaï. on lui taille tout (les racines, les branches, le feuillage). il peut vivre centenaire, fleurir, faire des fruits....
    Deuxiemo: les ailes sur les ptits crochets, ça m'étonnerait que ça tienne (parole de bricoleuse). c'est comme les ailes en cire, à un moment donné, ça fond et on se casse la figure. Les ailes, faut qu'elles soient vraies, qu'elles fassent partie de soi.
    Troisièmo (je sais, j'avais dit 2 réflexions, et alors?): je t'aime !
    Signé: un morceau de racine ;-)

    P.S. Très belle la photo du gobelet

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