mercredi 13 février 2013

Marseille, culture et confidences

J'aime Marseille, mais Marseille ne m'aime pas...

Je m'y rend souvent pour causes familiales et je l'avoue, cela ne m'enchante guère.
Ce week end, pourtant, j'ai profité de l'occasion pour aller explorer La Friche/Belle de mai, où sont regroupés les expos, les restos, les boutiques et les installations de Marseille Provence 2013 (MP13 pour les locaux).
Oui, vous devez le savoir, Marseille est la capitale européenne de la culture cette année!

Au programme : de l'art. De nombreux festivals musicaux comme "This is (not) music" sont à venir dès l'arrivée des beaux jours mais en attendant, ça a déjà discrètement commencé.

Discrètement, c'est le cas de le dire : les trois quarts des marseillais rencontrés ne s'y sont toujours pas rendus et ne sont pas au courant du programme des festivités.

Je m'y rend seule avec un appareil photo sans pellicule. 1ère étape : trouver une pellicule. Le problème, c'est que ça n'existe presque plus et surtout, il n'y a vraiment rien autour de cet endroit qui porte bien son nom (le 1er nom). Je suis donc vraiment triste de vous en parler sans images à l'appui mais me réjouis d'un autre côté de relever le défi de dépeindre cet endroit hors du commun avec mes mots uniquement.




J'arrive donc dans cet immense espace, un bâtiment de type industriel qui semble encore en construction trône au milieu. Sans regarder de plans ni me renseigner à l'accueil, je m'y aventure. On le croirait interdit au public tant il est peu accueillant mais pourtant, toutes les portes s'ouvrent et les grilles pour accéder aux escaliers en béton se poussent.
Un panneau indiquant des boutiques et des ateliers d'artistes me suit mais j'ai l'impression qu'il me fait une blague. Je tourne dans tous les couloirs que je trouve, me penche par dessus tous les bords, ne croise personne, la nuit tombe, j'ai un peu peur.

Sur certaines portes il est indiqué que se trouve un atelier ouvert au public ici. Cet atelier est vitré et j'y vois clairement des bureaux, lumière allumée, qui semblent habités mais dont les occupants ont disparu, et je ne ressens pas l'ambiance "atelier". Je passe donc mon chemin, me persuadant que tout n'est pas encore installé.

Au détour d'un couloir venteux, je croise quelqu'un! Elle est au téléphone, fait des petits allers retours devant une porte, a une conversation animée qu'elle exprime avec ses mains. Comme si c'était tout à fait normal d'être là dans cette sorte d'usine déserte et froide. Je comprend de moins en moins où je suis mais c'est plutôt amusant, je me prend pour une exploratrice de l'extrême.



Au bout de 30 minutes, je décide quand même de redescendre et de chercher les véritables animations.
Je trouve facilement le skate park grâce au bruit que les "minots" y font. Un restaurant le surplombe, je vais y prendre un café, soufflée par la hauteur de plafond et la déco indus/recup. Une projection vidéo est en train d'être installée pour le soir. Je me demande si il y aura quelqu'un pour la regarder. Quoique la concentration humaine au mètre carré aie explosé depuis que je suis sortie de "l'usine". Il doit y avoir 10 personnes dans ce hangar restaurant.

Je me dirige vers l'accueil par des escaliers qu'on croirait de service, curieuse de savoir quel chemin je n'ai pas pris pour trouver l'expo (l'affiche est à l'entrée). Première bonne surprise, c'est gratuit pour les moins de 26 ans. Deuxième bonne surprise : l'expo en elle même. On ne peut y accéder qu'en ayant pris son ticket bien sur, par un chemin de traverse fait d'escaliers bleus en métal, ça résonne, ça fait du bruit, mais pourtant je suis toujours toute seule!

Le thème : "Ici, ailleurs". Vaste! Sur 3 étages (et un bonus) sont regroupées les oeuvres (peintures, sculptures, installations, vidéos, photos) de nombreux artistes dont Anette Messager, Gloria Friedmann, Javier Pérez, Inci Eviner...
Ils offrent une réflexion sur la société, la mémoire, l'exil ou la comparaison passé/présent en passant par une pointe d'architecture. Le tout à la sauce ultra moderne (à la limite de ce que je peux comprendre).

Quelques oeuvres qui m'ont marquées : celle d'Annette Messager. Une montagne de faux cheveux qui fait des vagues dans lesquelles un petit bateau en plastique navigue. C'est sensé représenter la société et l'avenir incertain!
Javier Pérez, lui, a érigé une inquiétante vierge Marie, enceinte (représentation taboue), le tout...en boyaux de porc. Effet transparent et gluant. Complètement impudique et fascinant.
Wael Shawky nous livre une vidéo inspirée du livre "Les Croisades vues par les Arabes" de Amin Maalouf. L'action retrace les trahisons, complots et crimes dans les deux camps (chrétiens et arabes). Le tout joué par des marionettes! Des marionettes qui m'ont dérangé et fait peur. Elles sont hideuses, édentées, poilues... Bref, je suis quand même restée scotchée 10 (sur 58) minutes devant.

Annette Messager : "Mer échevelée"


Ces 3 premiers étages accueillaient quand même quelques visiteurs, je me suis sentie moins seule, cela dit, ça change de Dali à Beaubourg où on est vingt devant un tableau!

Un ultime étage promet "la Tour Panorama", j'y monte, pousse une porte genre sortie de secours et là, la claque! Claque de vent, claque de vue. Il fait nuit, c'est pas la ville lumière mais il y a la mer et c'est beau. Une sculpture géante trône sur ce toit : Shelter. Impressionant.

Sigalit Landau : "Shelter"

Pour couronner le tout, un énorme cube blanc sur la droite attire ma curiosité. On semble ne pas pouvoir y rentrer mais je m'approche et trouve une poignée cachée. J'entre. Deux filles qui surveillent la salle sursautent. Elles n'ont pas du voir beaucoup de visiteurs. Ici, l'expo continue, bien dissimulée. La dernière installation que j'y découvre me fait rire :

Un terrier de 4 mètres de haut laisse échapper des voix radiophoniques avec un accent antillais. Je cherche leur provenance, contourne le terrier qui ressemble à celui de termites. Un premier trou où je localise la radio, on y trouve également 8 camemberts coulants en plastique. WTF. Je continue le tour. Un deuxième trou : un homme dort sous une couverture qui se soulève au rythme de ses ronflements. Il ya une bibliothèque, des boites de conserves, du papier pour écrire, un véritable petit refuge. Bien sur, l'homme est faux mais ses cheveux et sa respiration font leur petit effet. WTF bis.

Voila qui conclue mon exploration de la Friche.

L'expo "Ici, ailleurs" se prolonge jusqu'au 31 mars. Je vous conseille également un petit tour à la librairie. Elle offre un large choix de très beaux livres. De l'architecture au street art. Du tatouage aux peuple émigrants, il y en a pour tous les goûts.

Je fais ma star et prend un taxi pour rentrer, de toutes façons, je ne sais plus si je suis ici ou ailleurs.

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